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PORTRAIT – Cédric Petitdidier et Vincent Prioux
par Jean-Philippe Hugron

Et si l’enjeu de l’art de bâtir était, avant tout, de rassurer et, peut-être même, de sécuriser tout un chacun ? Cédric Petitdidier et Vincent Prioux convoquent souvent, dans leurs explications, ces verbes opportuns. « Construire appelle un investissement important et, par conséquent, une prise de risque, plus grande encore, dans un contexte éminemment normatif. Être architecte signifie donc être attentionné et, plus avant, rassurant », disent-ils.

Le propos trouve rapidement écho quand les deux associés abordent, en détail, leurs programmes de logements. A ce sujet, ils préfèrent parler d’habitat : « il y a, dans cette appellation, un côté primitif, une évocation du refuge, qui touche à la raison d’être du métier », disent-ils. Sécuriser mais aussi protéger. Avec toutefois ces raffinements essentiels que sont les notions de seuils, d’espaces et de parcours. « Il y a, en architecture, ce défi évident d’inventer une vie depuis la rue jusqu’aux relations internes, d’un volume à l’autre », précisent-ils.

L’agence, depuis 2009, a fait, des logements, certes mais aussi des bureaux, des équipements, des projets mixtes, et même des plans d’urbanisme. Acmé de cette évolution : le village olympique de Paris 2024 dont elle réalise, à L’Ile-Saint-Denis, la savante et complexe coordination de plusieurs lots en vue de répondre à l’urgence d’un calendrier resserré.

Question temporalité, les deux associés affirment être au milieu de leur vie professionnelle. « C’est l’heure du basculement ! », sourient-ils. Il y a, dans cette annonce, un désir impérieux de retrouver « l’urgence de faire tout ce qui n’a pas encore été fait », autrement dit, il y a, chez ces deux architectes, un appétit de créer et de construire. L’inconnu ? « Ne serait-ce pas plutôt l’aventure ? », rétorquent-ils. L’agence – cette école d’énergie – s’exporte désormais sur des terres étrangères : le Luxembourg et l’Arabie-Saoudite. « Nous trouvons dans cette situation nouvelle, le plaisir de la découverte et parfois même, la jeunesse de l’outsider », commentent-ils. Il y a près de deux décennies, la situation était, toutes proportions gardées, presque identique. C’était à La Duchère, dans la banlieue lyonnaise. Frais émoulus, les deux jeunes professionnels se frottaient alors à une concurrence confirmée. Au final, fort d’un projet inventif, le duo a remporté l’offre.

Depuis, l’agence se partage entre Seine et Rhône, Paris et Lyon. Deux adresses pour deux associés qui ont su forger une véritable méthode de travail. Chacun sait réorienter le propos de l’autre. Il n’existe, entre eux, comme avec tous, aucune vérité absolue. Chaque projet est l’occasion, loin des prérequis, d’un inventaire préalable afin d’adapter parfaitement le regard. Les concours sont aussi de « plaisantes mises en danger », qui autorisent plus avant un exercice de recherche patiemment mené. « Il faut savoir, dans la pratique de notre profession, manier l’art de la conviction tout en sachant laisser une part de doute s’exprimer », précisent les deux comparses. C’est, autrement dit, « une dextérité sur les limites du projet » dont ils doivent faire preuve. Par la même occasion, il leur importe, à l’un comme à l’autre, de savoir se laisser convaincre. La réciprocité se fait mot d’ordre.

Face à l’époque actuelle, Cédric Petitdidier et Vincent Prioux se montrent enthousiastes mais aussi critiques. En mire de leur réprobation, ce refus contemporain, paradoxal à l’ère de la durabilité, de voir l’architecture comme un engagement de long terme. « Accorder trop de crédit à l’éphémère est le signe d’une fragilité », devinent-ils. Leur architecture se fait dès lors l’expression, loin des effets de mode, de la stabilité, peut-être même, de l’élégance, préférée à toute autre tendance. La souplesse, en revanche, reste le propre d’esprits curieux. « Être architecte ne signifie pas répondre à toutes les questions, ni même imposer un dogme », déclarent-ils. Combien de crimes ont, en effet, pu être commis par un esprit de sérieux armé d’un langage technique ? Libre, l’agence n’a pas de spécialité ; elle ne s’adresse pas non plus à un collège de quelques initiés. Elle préfère manier une langue claire et généreuse, indifférente au jargon et au confortable salmigondis abscons. Construire est ainsi pour ce duo la splendide possibilité d’un art de la lumière et, surtout, d’une prise de hauteur. Le tout, d’une manière simple et humaine, évidemment, universelle.

Équipe

L’agence, regroupée autour de Cédric Petitdidier et Vincent Prioux, architectes associés, forme une équipe soudée et réactive d’une quarantaine de collaborateurs.

Nous étoffons régulièrement l’équipe d’un réseau de partenaires reconnus — graphistes, photographes, paysagistes, économistes, bureaux d’études, conseils en énergie et environnement — qui interviennent suivant les spécificités de chaque projet.

Pôle direction 

Jean-Pierre Buisson, Directeur des travaux
Nicolas Fromageot, Directeur de projets
Jean-Baptiste Pierru, Directeur d’agence (Lyon)
Laurent Thierry, Directeur d’agence (Paris)

Pôle support, communication, développement

Maria Cristina di Martino, Responsable communication
Maxime Dupuy, Responsable développement
Laïla Elazrak, Chargée de développement
Sandrine Ferat, Responsable administrative et des appels d’offres
Sophia Hurel, Manager des Ressources Humaines/Manager d’agence

Pôle représentation

Julien Raffard, Infographiste 3D
Thomas Beaujoin, Infographiste 3D
Sara Signorini, Infographiste 3D
Julie Plisson, Designer graphique

Pôle architecture

Mallaury Abbadie, Louvine Albourie,
Tarik Ballouch, Anne-Charlotte Billot,
Fatine Bouaraoua, Antoine Bucher,
Jean-Pierre Buisson, Henrique Carmona,
Thibault Cérèze, Maxime Darde, Julien Denis,
Samia Elghouzlani, Nicolas Fromageot, Aurély Giraud, Grégoire Gouverneur,
Justine Labrousse, Thomas Le Moullec,
Mohcine Mabrouk, Octave de Magellan,
Joan Marion, Thomas Navarro, Mickaël Papi, Jean-Baptiste Pierru,
Jenine Principe, Bertrand Rodange, Quentin Roy,
Chyara Saraiva, Laurent Thierry

Prix majeurs

  • 2024

    Lauréats du prix HOTEL MUSE AWARDS – catégorie Hôtel – Architecture Design / Gold Winner avec l’Hôtel La Fantaisie
  • 2023

    Lauréats du prix Architecture MasterPrize dans la catégorie Firm of the Year Award 2023 « Best Residential Architecture »
  • 2023

    « Honorable Mention » aux International Architecture Awards 2023  (B1C1, Lyon Confluence) – The Chicago Athenaeum et The European Centre for Architecture Art Design and Urban Studies
  • 2023

    « Honorable Mention » au Prix Design Educates Awards 2023 (B1C1, Lyon Confluence) 
  • 2022

    Lauréats du Architizer A+AWARDS, « Best Residential Firm »
  • 2020

    Lauréats du German Design Awards 2020 « Excellent Architecture »
  • 2020

    Lauréats du German Design Awards 2020 « Excellent Architecture »
  • 2019

    Finalistes des THE PLAN AWARDS, « Housing » (152 logements, Villeurbanne La Soie)
  • 2019

    Finalistes des ARCHITIZER A+ AWARDS, « Residential-Multi Unit Housing – High Rise (16+ Floors) » (152 logements, Villeurbanne La Soie)
  • 2019

    Finalistes du WORLD ARCHITECTURE FESTIVAL (338 logements, Paris XIX, rue Curial)
  • 2017

    Lauréats du AMERICAN ARCHITECTURE PRIZE dans la rubrique « Residential Architecture » (109 logements, Paris XV, ZAC Boucicaut)
  • 2017

    Finalistes du WORLD ARCHITECTURE FESTIVAL (109 logements, Paris XV, ZAC Boucicaut)
  • 2013

    Lauréats des INTERNATIONAL PROPERTY AWARDS, « Best Architecture Multiple Residence Europe » (109 logements, Paris XV, ZAC Boucicaut)
  • 2010

    Lauréats du prix « 40 UNDER 40 » organisé par le European Centre of Architecture
  • 2010

    Lauréats du Grand Prix d’Architecture et d’Urbanisme et d’Environnement du Rhône (mention « logement social »)
  • 2009

    Nominés au prix de la Première Œuvre du Moniteur (30 logements intermédiaires à Villefranche-sur-Saône)
  • 2004

    Lauréats du concours Archinova « comment habiterez-vous demain ? » (50 logements à Lyon La Duchère)

L’abrité et l’exposé

Nous avons conçu notre parcours d’architectes comme une pérégrination : une trajectoire claire centrée vers la fabrication de la ville, et la liberté d’accueillir toujours les péripéties qui se présentent à nous. Fabriquer de l’urbain suppose la maîtrise des codes, car la ville est un espace de communication, de représentations et d’accomplissements, une sorte de théâtre où nous sommes à la fois acteurs et spectateurs.

Notre pratique repose sur des principes qui définissent notre attitude de projet :

Explorer: le voyage est une quête intérieure permettant de rechercher la juste émotion et une meilleure compréhension des enjeux du projet.

S’exporter: parcourir le monde enrichit notre pratique et nourrit notre créativité quotidienne.

Apprendre continuellement : après vingt années de pratique, notre soif d’apprendre est intacte. Chaque projet est une nouvelle source d’apprentissage.

Accepter : le changement est inévitable et fait partie du voyage. L’accepter est une force sur laquelle le projet s’appui pour retrouver un second souffle.

S’adapter: la route initialement tracée est rarement la fin du voyage, ainsi nous faisons de chaque imprévu une opportunité d’amélioration.

Nous savons faire la part entre l’essentiel et le superflu, privilégiant toujours l’idée sur la forme. Toutes les évolutions sont bienvenues dès lors que les fondements et son ancrage restent intacts. Ainsi, nous veillons à ce que l’ossature théorique soit assez solide afin de ne pas être altérée par des revirements non maîtrisés. De la même manière, nous croyons en une architecture singulière et ouverte sur la ville, et en même temps domestique, qui protège ses usagers.  Nous recherchons ainsi toujours la juste tension entre l’abrité et l’exposé. L’architecte agit comme un passeur entre les besoins collectifs et individuels, jouant également un rôle de guide dans l’évolution du monde. Nous nous interrogeons sur notre manière de vivre demain : quelles seront les qualités que nous rechercherons dans un monde plus connecté, intensifié et densifié ?

Dans nos projets futurs, nous continuerons à défendre trois principes fondamentaux de notre ambitions urbaine et architecturale :

Vers un écosystème urbain
Penser le territoire ne se limite pas à un acte isolé, pas plus que l’architecture ne peut se résumer à l’édification des seuls bâtiments. Ce ne sera pas uniquement le bâti qui organisera le territoire, mais plutôt le vide qu’il conviendra de traiter comme matière première de la substance urbaine. Ce vide, en tant que support du paysage et arbitre de la densité, constituera demain l’élément fédérateur d’une vie commune possible.

Durabilité et frugalité
En pleine raréfaction des ressources, nous proposons des bâtiments économes en énergie, limitant leur empreinte environnementale. Cela se traduit par un choix de matériaux raisonné lors de la construction, mais également dans leur exploitation. Au-delà des normes et labels, l’économie de matière représente pour nous la première des actions vertueuses : le bon matériau pour la planète est celui que l’on n’utilise pas ; le bon matériau pour le bâtiment est celui qui s’assemble harmonieusement et qui est exploité pour ses qualités intrinsèques.

Mutation et anticipation
En lien avec nos préoccupations environnementales, nous nous efforçons de prolonger la durée de vie de nos bâtiments en favorisant leurs futures évolutions. L’architecture doit être pensée pour s’adapter et anticiper les besoins changeants des occupants, en prévoyant leurs usages et cycles de vie. En diminuant le nombre de structures porteuses, nous libérons les espaces pour encourager la diversité et permettre une personnalisation maximale des lieux, favorisant ainsi leur réutilisation ultérieure.En poursuivant notre voyage, nous produirons collectivement une ville durable, pérenne et désirable. Réduire l’utilisation des ressources naturelles, préserver le sol et favoriser la présence du végétal garantira à terme l’émergence d’écosystèmes assurant la longévité de la vie urbaine. Enfin, pour ancrer l’envie de ville dans son territoire, nous nous engageons à proposer une conception évolutive qui favorisera tant la vie sociale que l’adaptation du cadre bâti à la sphère privée.

 Cédric Petitdidier & Vincent Prioux

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